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Haut Conseil pour le climat : rapport annuel « Renforcer l’atténuation, engager l’adaptation »

Le Haut Conseil pour le Climat livre un troisième rapport annuel intitulé « Renforcer l’atténuation, engager l’adaptation » : https://www.hautconseilclimat.fr/…/rapport-annuel-2021…/

Commentaire de Loïc Giaconne, Responsable éditorial du centre de ressources pour l’adaptation au changement climatique au CEREMA :
« L’adaptation au changement climatique est traitée pour la première fois, au chapitre 4. Le rapport détaille brillamment les différentes définitions de l’adaptation et les articulations possibles avec l’atténuation et la résilience, ou encore le risque de maladaptation et les questions de gouvernance, avant de conclure sur une série de recommandations. Quelques extraits, non exhaustifs :
« L’adaptation vise à limiter les impacts négatifs d’un climat qui change. Le risque climatique est dynamique : aléa, vulnérabilité et exposition sont en évolution permanente, et en interaction avec les réponses apportées. Ces réponses ne doivent donc pas accroître le risque et conduire à une mal-adaptation qui accroîtrait les émissions de gaz à effet de serre. Les solutions doivent être elles-mêmes adaptables, et donc régulièrement évaluées. Les mesures flexibles, pouvant être revues et modifiées, sont donc à privilégier. Elles peuvent être ponctuelles et incrémentales. Mais l’objectif est qu’elles soient systémiques et finalement transformatives. L’enjeu premier est de passer de réponses réactives, sectorielles, définies au cas par cas, à une logique proactive, préventive et participative, qui apporte des co-bénéfices pour la réduction des émissions. L’adaptation doit conduire à la résilience du système considéré, sachant que cette résilience n’est pas toujours synonyme d’amélioration. L’adaptation est donc une question politique et éthique, qui interroge sur ce que la société souhaite protéger. » (Résumé exécutif)
« […] les enquêtes d’opinion montrent que si la nécessité de l’adaptation est largement admise, une part importante des Français ne sait pas trop en quoi consiste cette adaptation. Ils confondent souvent mesures d’adaptation et d’atténuation y compris chez les dirigeants d’entreprises, les élus locaux et les parlementaires » (4.3.1.)
« L’adaptation repose sur les transformations que les individus, groupes sociaux, entreprises, systèmes sociauxtechniques ou socio-écologiques, administrations centrales et collectivités territoriales, engagent pour répondre à une perturbation. Ces réponses peuvent prendre plusieurs formes (cf. figure 4.3) :
– L’adaptation incrémentale, par actions ponctuelles et sectorielles, qui ne modifient pas fondamentalement le système ;
– L’adaptation systémique, qui modifie le système au-delà de l’ajustement marginal, sans en changer toutefois la nature ou l’organisation fondamentale ;
– L’adaptation transformative, reposant sur des transformations structurelles, qui changent la nature du système dans sa globalité et conduisent à sa bifurcation.
Ainsi, dans l’agriculture, il est possible de changer les dates de semis (incrémental). On peut aussi modifier les variétés et pratiques, en introduisant par exemple de l’agroécologie et de l’agroforesterie (systémique). Enfin, concevoir de nouveau les systèmes agricoles, en modifiant et relocalisant les productions est une adaptation transformationnelle. » (4.2.2)
« Reste à savoir ce qui, dans le processus de transformation, doit être maintenu tel quel. Du point de vue des sociétés, il y a résilience lorsque des fonctions, des identités, des valeurs fondamentales, sont préservées. L’adaptation suppose donc des choix, des priorisations et des actions graduées dans le temps. À cet égard l’adaptation soulève un problème « fondamentalement éthique, car son but est de protéger ce à quoi nous accordons de la valeur ». Elle est donc une question politique qui nécessite, dans une optique de transition juste, d’être abordée par des processus démocratiques les plus inclusifs possibles (cf. 4.2.4). » (4.2.2)
« L’adaptation repose sur une large gamme de réponses, allant de l’ajustement marginal aux changements structurels qui s’attaquent aux causes profondes de la vulnérabilité et de l’exposition.
L’adaptation implique d’établir des priorités, de hiérarchiser les buts et donc d’opérer des choix collectifs, à tous les échelons territoriaux, et en se projetant sur plusieurs décennies pour inclure les intérêts des jeunes générations d’aujourd’hui.
Les arbitrages doivent être effectués de la façon la plus éclairée, anticipée, transparente et démocratique possible. » (Messages clés 4.2.2)
« L’adaptation incrémentale est déjà à l’œuvre dans les dispositifs actuels de prévention des risques, de protection et de gestion de crise et d’urgence. Ces actions doivent être évaluées, approfondies, mises en cohérence et accélérées au regard d’un climat qui change.
Les dispositifs actuels d’adaptation sont insuffisants. Il est nécessaire d’engager des transformations structurelles.
L’adaptation transformative doit s’inscrire dans des stratégies d’aménagement du territoire, déclinées à plusieurs échelles. Le lien entre aménagement et adaptation est insuffisamment mobilisé, alors que la planification territoriale repose sur une perspective systémique et dynamique. » (Messages clés 4.3.2) »