Le 28 mai prochain se tiendra (dans les locaux de l’IUGA au 14bis avenue Marie Reynoard, salle des Actes/salle G105)un séminaire présenté par Valérie November, Directeur·e de recherche CNRS, LATTS (Laboratoire Technique, Territoire et Sociétés) sur le thème de « la gestion de crise, une infrastructure à part entière »
Cette présentation propose une lecture exploratoire de la gestion de crise. Plutôt que de considérer cette activité comme ad hoc, se révélant uniquement lors d’événements graves, il est ici proposé de la considérer comme une infrastructure en tant que telle. Pour ce faire, il convient d’élargir la conception habituelle de la gestion de crise, qui est pensée surtout comme une action à mener afin de faire en sorte que la crise reste sous contrôle.
L’action consistant à gérer, réguler une crise, est notamment permise grâce à l’existence d’infrastructures techniques et numériques (câbles électriques, connexions électroniques, ordinateurs, réseaux routiers pour n’en citer que quelques unes). Toutefois, si la gestion de crise ne semble être activée – et avec elle les infrastructures techniques et numériques qui l’appuient– uniquement lorsqu’une crise surgit, son existence va au-delà de l’événement déclencheur de la crise. La préparation des acteurs, en amont de l’événement déclencheur de crise, de même que la gestion des conséquences à moyen et long termes d’une crise, témoignent d’une pérennité de la gestion de crise qui dépasse le seul moment de son activation visible. C’est pourquoi, en s’appuyant sur la littérature des STS, il est proposé de repenser la gestion de crise en l’analysant comme une infrastructure, au sens large du terme. Il ne s’agit donc pas tant d’examiner un processus d’infrastructuralisation de la gestion de crise, qui consisterait à dire que la gestion de crise subit une transformation requérant un nombre croissant d’infrastructures, mais plutôt de porter un nouveau regard sur la gestion de crise en la considérant comme une infrastructure à part entière, d’ores et déjà existante. Cet angle d’approche permet d’une part de mieux comprendre comment le temps constitue une caractéristique centrale de cette infrastructure globale qui se différencie ainsi d’autres formes d’infrastructures, et d’autre part, d’examiner le passage délicat de l’invisibilité à la visibilité. En d’autres termes, envisager la gestion de crise comme une infrastructure à part entière permet d’aller au-delà de la durée d’une situation de crise et de porter aussi notre regard sur ce qui reste en sommeil en dehors d’une crise, sur ce qui n’est pas rendu explicitement visible mais qui, pourtant, structure et conditionne l’existence même de la gestion de crise.
L’exposé se terminera par une brève présentation d’un projet de centre de recherche sur les risques et les crises intitulé UrbaRiskLab (URL) qui vise à fédérer les recherches dans le domaine afin de répondre aux/anticiper les besoins, interdisciplinaires, de nombreux partenaires socio-économiques.