LA GESTION INTEGRÉE DES RISQUES NATURELS (GIRN) |
Eléments de constats sur la gestion « traditionnelle » des risques et sur la place de la prévention des risques
Compte tenu des rôles et responsabilités des différents acteurs impliqués dans la gestion des risques naturels en France, celle-ci est fortement sectorisée. Chaque temps de gestion (prévention / préparation à la crise / alerte / crise / réparation, réhabilitation et retour d’expérience) renvoie à un type d’acteurs, de prérogatives et de dispositifs spécifiques. Par ailleurs en montagne, l’action préventive est essentiellement et traditionnellement axée sur la réduction, voir l’éradication des aléas. Ceci se traduit par des approches majoritairement marquées par des stratégies défensives (cf. ouvrages de protection).
Les grandes catastrophes en France de la fin des années 1990 et début des années 2000 (Vaison-la-Romaine, avalanche du hameau de Montroc, tempêtes de décembre 99, etc.) ont mis en avant la nécessité de développer des approches plus intégrées, de manière à désectoriser les différents temps de gestion pour déployer des stratégies plus globales et favoriser ainsi une meilleure coordination des acteurs et une plus grande implication des populations. A ce titre la réduction de la vulnérabilité tant physique qu’organisationnelle couplée au développement de la résilience des territoires semblent apparaitre comme des perspectives vertueuses, en matière d’aménagement des territoires et de protection des populations pour demain.
GIRN et cycle de gestion des risques naturels |
Le cycle de gestion des risques naturels, dans lequel la GIRN se retrouve totalement, permet une approche multirisques en considérant différents temps de gestion et en soulignant l’importance des interactions entre chacune de ces phases comme le montre le graphe ci-contre.
Ainsi cette démarche à la fois holistique et pragmatique permet une vision globale de la gestion des risques primordiale pour analyser et approcher les risques dans leur ensemble (origines, effets, conséquences, vulnérabilités, etc.) et replacer les enjeux de gestion dans la trajectoire de développement et le quotidien du territoire.
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Cycle de gestion des risques naturels »
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Positionnement de la GIRN par rapport à la gestion classique des risques
L’approche intégrée qui y est développée est innovante au regard de l’approche courante classique autant sur un plan technique, organisationnel que territorial puisqu’elle prend appui sur l’émergence d’une perception et d’une connaissance du risque commune à tous les acteurs du territoire. La gestion intégrée suppose, l’émergence et le partage d’une culture du risque au niveau des acteurs décideurs et gestionnaires, mais aussi à l’échelle des citoyens acteurs et bénéficiaires.
La gestion intégrée des risques naturels :
- complète l’approche classique et segmentée (aléa /ouvrage), par une approche territoriale et nouvelle (vulnérabilité / organisationnel / projet / culture du risque),
- dépasse les approches sectorielles et ponctuelles (crise) pour développer une synergie sur l’ensemble de la gestion sur le long terme,
- expérimente et ancre au niveau local (sites pilotes) de nouvelles formes de partenariats à même de prendre appui sur les spécificités locales pour développer des démarches et des outils concrets et innovants correspondant aux besoins des territoires.
Ce nouveau type de gestion se traduit par une vision globale et dynamique de la problématique « risque et développement » d’un territoire et de son fonctionnement (enjeux humains, économiques, culturels, fonciers, mobilités-accessibilités, environnementaux, etc.). |
Problématique GIRN et bonne gouvernance
La GIRN a pour ambition d’enrichir les dynamiques de gouvernance associées aux risques naturels à l’échelle territoriale.
Ainsi, la gestion intégrée s’inscrit dans une approche plus soutenable des risques naturels, en proposant le décloisonnement des approches du risque et l’émergence de nouvelles modalités de gouvernance à l’échelle territoriale. En cela, elle peut se définir par :
- Une approche globale (intégration des temps de gestion) vs sectorielle (segmentation des risques, des responsabilités et des pratiques ; déficit d’appropriation des enjeux par les populations)
- La recherche d’échelles d’actions et de gouvernance pertinentes et adaptées : approches territorialisées bénéficiant de logiques croisées des acteurs locaux (élus, gestionnaires, populations locales et touristiques, milieux économiques et agricoles, etc.)
- Une approche continue du risque : de la prise en compte des menaces (caractérisation des aléas) jusqu’à la réduction des vulnérabilités (degrés d’exposition et sensibilité des territoires sur un plan structurel, comme organisationnel), en travaillant l’implication et la résilience des populations impactées
- Un autre regard sur les enjeux de développement associés aux risques naturels, à l’échelle des bassins de vie et de risques, et ce afin d’encourager une prise en compte précoce des risques, en amont des projets de développement
Problématique GIRN et résilience
La gestion intégrée a comme enjeu d’accroître la résilience des territoires impliqués afin qu’ils puissent mieux prévenir, résister, puis s’adapter et se reconstruire suite à une catastrophe naturelle à l’échelle du territoire, comme à celle de l’individu. Les objectifs de la GIRN dans cette optique sont donc de :
- développer ou renforcer les liens entre les acteurs pouvant être impliqués dans la gestion des risques naturels (notamment autres que les acteurs gestionnaires) afin d’accroître la cohésion et le fonctionnement collectif en matière de prise en compte des risques naturels,
- renforcer la culture du risque des populations et des collectivités afin d’avoir une meilleure conscience de leur vulnérabilité face aux aléas potentiels, mais aussi de leurs capacités à agir mobilisables,
- travailler sur des outils et démarche prospectives sur les catastrophes naturels à venir, afin de mesurer et stimuler les capacités de retour à la normale (fonctionnement, activités, accessibilités, etc.).
Problématique GIRN, innovation et expérimentation sur sites pilotes volontaires
Le GIRN est une thématique nouvelle sur les massifs français. De ce fait, l’objectif était d’expérimenter cette nouvelle approche sur des sites pilotes volontaires qui ont alors déterminé leur propre stratégie de Gestion Intégrée des Risques Naturels, déclinée ensuite sur des actions et projets concrets et innovants à l’échelle de sites tests.
L’ensemble de ces démarches expérimentales et innovantes a demandé :
- Un accompagnement technique et méthodologique spécifique et adapté à chaque site engagé
- Une bonne gouvernance de l’échelle de l’opération (massif alpin) à l’échelle de l’action (sites test)
Une mission de coordination générale de l’opération a permis d’uniformiser la problématique GIRN sur l’ensemble du Massif et de transversaliser les expériences et les échanges entre sites pilotes. Enfin, cette mission de coordination a réalisé en fin d’opération la présente plateforme de capitalisation des résultats de l’opération, dans la perspective éventuelle d’essaimage vers d’autres territoires du massif.
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