Les territoires alpins français sont confrontés à des phénomènes naturels aléatoires, rapides et de forte intensité susceptibles non seulement d’occasionner des dégâts matériels importants, mais aussi de mettre en danger les populations locales, comme touristiques. Ces territoires présentant des formes de vulnérabilité spécifiques (urbanisation de fond de vallée et de pente, fort besoin d’accessibilité, économie touristique, etc.) se doivent d’envisager et d’apporter des réponses de gestion et de prévention des risques naturels adaptés.

La vision « traditionnelle » de la gestion des risques naturels en France apparait comme particulièrement sectorisée et cloisonnée autant du point de vue des temps de gestion (prévention, gestion de crise, retour d’expériences, reconstruction post crise, etc.), que du point de vue des acteurs impliqués. Cette segmentation ne favorise pas toujours une vision globale et dynamique (dans le temps long) de l’action préventive à l’échelle d’un bassin de risque et ne permet pas par conséquent une appropriation collective des enjeux de gestion.

La « gestion intégrée », comprise comme un nouveau référentiel d’action et de gestion, privilégie une approche globale (prévention et gestion de crise) et territorialisée (à l’échelle des bassins de vie pluri communaux) des risques venant en complément à leur gestion régalienne. La gestion intégrée implique, de fait, une vision globale de la problématique d’un territoire dans ses caractéristiques propres de développement comme de fonctionnement. Elle suppose aussi un travail spécifique sur les modes de gouvernance, la réduction des vulnérabilités territoriales, et la résilience des populations. A ce titre, ce type de démarche repose sur une implication forte autant des acteurs de la gestion des risques que des acteurs du territoire (citoyens, opérateurs économiques, aménageurs, opérateurs touristiques, associations agricole, etc.).

Passer d’une approche segmentée à une approche intégrée s’inscrit dans le temps long et requiert des étapes d’expérimentation. C’est en ce sens que la mise en œuvre d’une opération sur sites pilotes est apparue comme une condition indispensable pour initier et accompagner le changement dans la gestion des risques au niveau territorial et ce à l’instar d’autres démarches pilotes telles que celles menées dans l’Agriculture durable ou dans les Chartes forestières de territoire et les Contrats de rivière.

Suite à la soumission par le PARN d’une étude préfigurative en 2008, l’opération CIMA­POIA « Sites pilotes de gestion intégrée des risques naturels dans les Alpes » a été officiellement lancée le 28 septembre 2009 en présence des représentants des premiers sites pilotes volontaires et des partenaires institutionnels (les Région PACA et Rhône-Alpes et la DATAR, autorité de gestion des fonds FEDER de l’UE).
Ainsi de 2009 à 2014 (cf. prolongation de 1 an de l’opération), sous la coordination opérationnelle et l’appui méthodologique du PARN, des sites pilotes ont pu mobiliser leurs moyens humains (chargé de mission et élu référent), techniques et organisationnels pour établir leur stratégie de gestion intégrée des risques naturels (GIRN) ; et mettre en place sur leur territoire des actions innovantes pensées et construites par les acteurs locaux.